Gestion publique ou privée de l’eau : Toulouse va-t-elle prendre exemple sur Nice ?

La Dépêche, dans son édition du 26 octobre, rend compte du débat contradictoire sur la gestion de l’eau organisé par le Codev :

Toulouse Métropole doit choisir en décembre entre une régie publique et la délégation de la gestion de l’eau à un privé, Suez ou Véolia. Focus sur les cas de Nice ou Nantes avec le Codev.

Une métropole de droite qui adopte une régie publique pour l’eau et l’assainissement, c’est possible ! La métropole de Nice, sous l’impulsion du maire Christian Estrosi, a en effet créé sa propre régie en 2013, et mis ainsi fin à plus d’un siècle de règne sans partage d’une société privée (130 ans de délégation à Véolia sans appel à concurrence). La régie alimente 49 communes, «de la Baie des Anges à la frontière italienne, et fournit les deux tiers de l’eau consommée par Monaco», indique Hervé Paul, maire d’une petite commune de l’arrière-pays niçois en charge de l’eau et assainissement de la métropole des Alpes-Maritimes. Invité d’un débat organisé à Toulouse (salle du Sénéchal) par le Codev (conseil de développement de Toulouse Métropole) sur le thème de la gestion publique ou privée de l’eau, l’élu, également président de France Eau Publique (qui regroupe toutes les entités publiques gestionnaires de l’eau en France) met en avant «la volonté de reprendre les clés de l’exploitation à l’opérateur privé» dans un but de «solidarité assumée» avec les petites communes du haut pays niçois, de «gouvernance transparente et partagée», de «service de qualité pour tous» et de «projet de territoire à long terme», avec des investissements lourds programmés par la collectivité : «On est passé de 11 millions d’€ par an en DSP (délégation de service public) à 24,60 M€ pour la régie», précise Hervé Paul. L’élu se félicite d’un taux d’impayés en dessous de 2 % et d’un prix de l’eau une fois et demie moins cher, en euros constants, aujourd’hui qu’en 1996». 250 ex-employés de Veolia ont été repris dans la régie sans changement de statut, qui emploie aussi une quarantaine de fonctionnaires et 70 salariés recrutés et formés. «Nos emplois sont et resteront locaux», martèle l’élu du pays niçois : «Toutes les délibérations ont été prises à l’unanimité des membres (20 élus et 3 représentants du personnel, des consommateurs et de l’université) du conseil d’administration de la régie.

Face à ce plaidoyer pro public, Tristan Mathieu, délégué général de la Fédération des professionnels de l’eau (FP2E) a mis en avant la technicité, le savoir-faire reconnu mondialement des grandes entreprises françaises et la situation de Toulouse, «champion d’Europe pour la qualité de l’eau et le rendement de son réseau d’eau potable», selon lui.

«Public ou privé, peu importe le mode de gestion, ce qui compte c’est d’avoir une autorité organisatrice forte qui investit, contrôle et fixe les tarifs chaque année», a répété Yves Gouriten, ex-directeur du système hybride mis en place par la métropole nantaise alliant régie publique et trois opérateurs privés. Selon une enquête de Que Choisir en mai 2018, c’est à Nantes que de prix eau assainissement est le moins cher (3,45 € le m3 contre 3,70 € à Nice et 3,78 € à Toulouse).

Le chiffre : 12

12 ans > durée du contrat. Si la métropole toulousaine choisit de déléguer eau et assainissement au privé, ce sera avec un contrat sur 12 années.

Ph.Emery

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