EAU et CRISE CLIMATIQUE – Comprendre ­ et Agir

Samedi 1° octobre 2022
Bourse du Travail Toulouse ­ Place Saint Sernin (M° Jeanne d’Arc)

10H ­- 10H 30 Accueil (café, expo)

10H30 ­ 12H30 Comprendre le fonctionnement et les perturbations du cycle de l’eau
intervention de Marlène VISSAC (technicienne en hydrologie spécialisée en gestion de l’eau en milieu agricole)

12H30 – 14H Pause (collation possible sur place)

14h – 16h Table ronde « Eau et agriculture, des modèles à repenser ? »
­ Jean­François PERIGNE (mytiliculteur sur l’île d’Oléron à la pointe du bassin Adour-Garonne, responsable national de la commission Eau de la Confédération Paysanne)
­ Bernard PERE (paysan bio à la retraite Président de Terre de liens Nouvelle Aquitaine)
­ Pierre BESSE (ingénieur agronome maraîcher)
­ Sabine MARTIN (paysagiste, membre sortant du Comité de bassin Adour­-Garonne pour France Nature Environnement)
­ Marlène VISSAC (technicienne en hydrologie spécialisée en gestion de l’eau en milieu agricole)

Voici la présentation et les messages de nos intervenants :

Marlène Vissac, intervenante du matin sur le cycle de l’eau.


Il y a une dizaine d’années, après avoir milité pendant près de 10 ans dans le milieu social, culturel et d’éducation populaire (BPJEPS éducation à l’environnement), un virage s’est opéré. Les luttes menées pour l’équité sociale et la sensibilisation aux écosystèmes se rejoignaient vers une base communautaire : la gestion des ressources et les productions agricoles.
​Marlène devient paysanne, d’abord gestionnaire de culture maraîchère en climat aride (Portugal, Grèce, Maroc), elle revient en France pour développer une ferme en polyculture élevage (conservation brebis Raïole et pépinière d’arbres fruitiers). Son retour est riche des expériences agricoles en milieu aride, dont les conduites culturales ne reposent pas sur de gros volumes d’irrigation systématique.
​Elle développe alors les techniques de Keyline© adapté au contexte français, qu’elle déploie au sein du bureau d’études Phacelia dont elle est la fondatrice et gérante. Elle conçoit un programme d’accompagnement et une formation basée sur la gestion holistique de l’eau dans les agroécosystèmes sous le concept d’HydroNomie. Elle se spécialise en tant que technicienne en hydrologie dans les outils de production agricole.​Depuis 2016, elle accompagne, analyse et conçoit des outils de productions engagés dans la transition des pratiques agricoles, soucieuse d’aggrader* les paysages et de “lisser” les aléas climatiques du XXIème siècle. Elle s’adresse aux actifs engagés pour une transition agro-écologique de leur outil de production et au non issu du milieu agricole en voie d’installation.

* aggrader : inverse de dégrader

Pierre Besse, intervenant de la 1ère table ronde de l’après-midi

En parallèle de son diplôme d’agronomie, il lit les livres comme la plupart des étudiants d’aujourd’hui qui arrivent à mettre à distance internet. Il tombe sur un bouquin qui le touche particulièrement : “La révolution d’un seul brin de Paille”, écrit par Masanobu Fukuoka. Un paysan Japonais qui propage l’idée “d’Agriculture Naturelle” qu’il théorise et pratique lui même au sein de sa ferme. Ses méthodes sont nouvelles (et surtout anciennes) et la philosophie qui l’accompagne est plutôt de cultiver avec son environnement plutôt que … contre. La lecture est donc fortement recommandée. Par la suite, Pierre nous explique qu’il a passé huit ans en tant qu’”apprenti ” maraîcher sur un terrain à Ramonville prêté par la collectivité. Il expérimente l’activité sur deux hectares qui étaient selon lui “beaucoup trop pour ce qu’il savait faire”. Mais il s’accroche et persévère grâce à l’encouragement et la formation de sa “tutrice” Emilia Hazelip. Puis en 1997 il  achète, avec sa femme Nicole, 4 hectares de terrain à Lagardelle sur Lèze, construit sa maison et commence à produire de manière biologique mais assez “classique”. En 2006, il met en pratique une agriculture plus résiliente et décide d’arrêter le travail mécanisé et mécanique.

Pour en savoir plus sur le maraîchage sous mulch : https://www.youtube.com/watch?v=twkfVD28DJQ

Sabine Martin, intervenante de la 1ère table ronde de l’après-midi nous envoie ce message:

« Economiser et partager la ressource », bien sûr. Mais face à l’augmentation du besoin ce n’est pas suffisant. Il nous faut d’une part réduire le besoin d’irrigation, et d’autre part augmenter la disponibilité de l’eau. L’activation des fonctionnements naturels offerts par la biodiversité dans l’économie du vivant est le chemin.
Dans l’économie du vivant et de la santé globale, la biodiversité est notre « parapluie ». Elle maintient et protège la vie sur terre. Son fonctionnement écosystémique puissant relie les plantes, le sol, la faune, les bactéries, les champignons grâce à l’énergie solaire qui produit le carbone qui les alimente et à partir duquel est produit le précieux complexe argilo-humique. La disponibilité de la ressource en eau dépend des sols vivants. Les seuls capables de retenir, infiltrer, et prolonger le temps de résidence de l’eau en mariage fécond dans les sols pour produire l’eau verte. L’eau verte, c’est l’eau contenue et retenue dans les plantes, dans les sols, dans la faune et les champignons, le tout dans un travail coordonné, décomposeurs avec les ingénieurs hydrauliciens infatigables que sont les vers de terre, qui se régalent dans les sols souples humifères de l’économie du vivant. L’eau verte rejoint et abonde progressivement l’eau bleue des rivières et des nappes, améliorant la qualité des masses d’eau et de la vie dans les rivières.

Bernard Peré, intervenant de la 1ère table ronde

Dans notre département, les agriculteurs, notamment, sont touchés par le dérèglement climatique et ce qu’il engendre. D’aucuns ont recours à l’usage de pesticides pour sauver une partie de leur récolte. Comment on fait dans ce cas où les politiques publiques paraissent coincées ?

Bernard Peré : La question agricole est essentielle, les agriculteurs sont en première ligne. Le changement de pratique est nécessaire. La question de la mise en place de l’agroécologie passe en particulier par le développement de l’agriculture biologique. Il y a déjà un nombre de paysans qui sont dans cette démarche. On sait faire, même s’il y a besoin d’amélioration. Je suis à la retraite mais avant, j’ai été paysan bio. Je peux affirmer que l’on sait comment prendre les choses. J’estime que le politique doit avoir le courage de pousser cela. Ce n’est pas le tout d’agir par la loi et le règlement, il faut agir par l’accompagnement en termes de connaissance et financier dans le sens où ce type de pratique comporte un risque financier pour les agriculteurs.

Jean-Pierre Périgné, intervenant de la 1ère table ronde de l’après-midi

Nous, paysan.nes de la mer, jardinons l’océan. Nos métiers suivent les pulsations de l’océan, cœur stratégique du vivant sur toute la planète.

Le phytoplancton y produit l’essentiel de l’oxygène. Il est la source des nuages qui apportent la pluie. Il capte les 2/3 des GES. Il nourrit nos coquillages qui stockent définitivement le carbone. En cela, il est le moteur et le régulateur du climat.

Nous y travaillons. Notre histoire est celui d’un savoir-faire multi millénaire directement hérité de la préhistoire. Nous en sommes les sentinelles…et aujourd’hui, nous sonnons l’alerte face aux multiples agressions qu’il subit, notamment au travers des pratiques agricoles de plus en plus gourmandes en eau!

Océan fatigué, planète en danger !

16h – 16h 30 Pause

16h 30 – 18h 30 Conflits d’usage et luttes autour de l’eau en Occitanie
Lac de Caussade, lac de Montbel, Sivens, Alet-­les-­Bains, … avec la participation des
représentant.e.s des associations locales