Guerre de l’eau : le collectif qui dit « Bassines non merci » au projet de retenues artificielles dans le Marais poitevin
La guerre de l’eau est déclarée alors que partout en France, des projets de retenues artificielles parfois gigantesques se multiplient. Face aux agriculteurs qui veulent stocker l’eau pour irriguer leurs champs, des défenseurs de l’environnement se mobilisent pour préserver une ressource de plus en plus rare.
Extrait de « La guerre de l’eau », une enquête à voir dans « Envoyé spécial » le 4 mars 2021
Le Marais poitevin, deuxième zone humide de France en superficie, Julien Le Guet l’a parcouru des centaines de fois. Depuis ses 14 ans, pigouille en main (c’est la perche qui l’aide à faire avancer sa barque), il guide les touristes dans le parc naturel. « Et qu’est-ce que je vois depuis que j’ai 14 ans ? C’est que ce marais, il crève », s’indigne-t-il.
Selon ce militant écologiste, sont en partie responsables les retenues artificielles où les agriculteurs stockent l’eau pour irriguer leurs terres en été. En pompant dans les nappes phréatiques, ces « bassines », comme il les appelle, font baisser le niveau du marais. Conséquence : la tourbe, le sol perméable qui humidifie en permanence la végétation locale, n’est plus alimentée.
L’été dernier, explique-t-il, le niveau du marais a baissé de 40 centimètres. « Ce qui veut dire que sur certains canaux, c’était impossible de faire de la barque. A partir du 15 août, il ne restait plus qu’une seule solution pour faire un tour… Et sur tous les autres canaux, on touchait le fond, littéralement. »
Un projet de 16 nouvelles réserves d’eau dans les Deux-Sèvres, pour un coût de 60 M€
Alors, face au projet qui prévoit la construction de 16 nouvelles réserves d’eau dans le département des Deux-Sèvres, Julien Le Guet a pris la tête d’un collectif, « Bassines, non merci ». Ces gigantesques réserves devraient alimenter 220 exploitations, et servir avant tout à la culture de céréales destinées au bétail ou à l’export. Le coût total de ce projet est estimé à 60 millions d’euros, subventionnés à 70% par de l’argent public.
Un non-sens pour les défenseurs de l’environnement. Ces bassins « qui prennent dans le sous-sol une eau qui est de qualité et protégée, pour l’exposer au vent, aux pollutions aériennes, à la chaleur… » sont une aberration écologique, affirme Julien Le Guet. Pour le prouver, il a emmené les journalistes d' »Envoyé spécial » devant une retenue. Le sol a été recouvert d’une bâche étanche, en caoutchouc noir qui va, en outre, « chauffer cette eau et accroître le phénomène d’évaporation ».