Nouveau scandale sanitaire : 15 à 30 % du réseau d’eau potable serait contaminé par une substance cancérogène, depuis 1970
Gaspard Lemaire, chercheur en sciences politiques a analysé des milliers de données, lui permettant de conclure que l’eau potable de milliers de Français est contaminée au chlorure de vinyle monomère (CVM), une substance cancérogène, pouvant notamment causer des cancers du foie. Et, ce depuis 50 ans.
Deux scandales sont à mettre en avant : cette pollution, et l’inaction de l’État pendant de nombreuses années.
Ce CVM est un gaz utilisé dans la fabrication du PVC. Or, dans les années 1970, de nombreux tuyaux de canalisation en PVC ont été posés. Aujourd’hui, cela représente 15 à 30 % du réseau de canalisation français. Seulement, par la dégradation du PVC, du CVM serait rejeté dans notre eau potable. Cela concerne principalement les canalisations reliant les petites communes, se situant assez loin du centre de traitement d’eau potable.
Cette contamination était déjà connue dans certains départements, comme dans la Sarthe, ou le Loiret. Elle avait été identifiée, dès 2014, par l’Agence Régionale de la Santé des Pays de la Loire.
Depuis, des associations se battent pour davantage de transparence, d’information, et de l’action. En Sarthe, 60% du réseau de canalisation a été remplacé depuis 2014, et les pouvoirs publics annoncent un nouvel état des lieux en 2025. Cette évolution est due aux pressions exercées par les citoyens, et les associations, notamment « Comité Citoyen », association sarthoise particulièrement active sur le sujet. Elle vient d’annoncer l’engagement d’un recours en justice, devant le Tribunal Administratif de Nantes.
Également, le cabinet Phusis Avocats lance une plateforme (www.mon-recours-cvm.fr) afin de faciliter la diffusion d’informations concernant cette pollution, ainsi que l’engagement d’actions en indemnisation.
Il est important de rappeler que chacun peut agir, puisque toute personne peut demander une analyse de l’eau de son robinet, en envoyant un courrier par lettre recommandée avec accusé de réception, à sa préfecture.
Concernant l’inaction de l’État, celle-ci a été mise en avant par le chercheur Gaspard Lemaire, dans son article : Contamination des réseaux d’eau français au chlorure de vinyle monomère[34].pdf – Google Drive
Pour résumer très brièvement, l’UE avait posé, dès 1998, la limite de 0,5 microgramme par litre, de présence de CVM dans l’eau. Cependant, la première analyse française date de 2011, 13 ans plus tard.
Également, le Ministère de la santé semble jouer sur les mots, puisque dans son instruction du 29 avril 2020, il met en avant la mise en conformité de 97% des taux, et renvoie aux Personnes Responsables de la Production et de la Distribution de l’Eau (PRPDE), la responsabilité de la mise en œuvre d’un plan d’action.
La prise de conscience a donc été tardive, et les actions bien insuffisantes devant l’ampleur de la pollution. En somme, il n’existe qu’une seule solution, celle du remplacement des plus de 14 000 kilomètres de canalisation concernés ; une opération qui nécessite énormément de temps, et d’argent.
Pour finir, Gaspard Lemaire déclarait que « la gestion de cette affaire ne relève nullement d’un cas isolé, mais témoigne d’une incapacité généralisée de l’État à protéger les citoyens contre les menaces sanitaires croissantes ».