Tarification saisonnière… 1 an après

Un an après la mise en place de la tarification saisonnière de l’eau sur l’agglomération toulousaine, Robert Médina, Vice-Président de la Métropole, annonce fièrement dans la Dépêche du Midi : «Avec l’eau plus chère l’été, 800 000 m3 économisés en 2024 ». Mais cette baisse de consommation, dont nous nous réjouissons, est-elle vraiment le fruit de la nouvelle tarification ? Comment l’affirmer alors que l’année précédente, entre 2022 et 2023, avant la nouvelle tarification, la consommation avait baissé de 2 500 000 m3, soit 3 fois plus que celle annoncée cette année.
Une fois de plus MM. Moudenc et Médina se livrent à un habile exercice de communication.
Pour évaluer réellement l’impact de la tarification saisonnière, il faudrait tout d’abord disposer de chiffres fiables. Robert Médina semble tirer le bilan d’une année de la nouvelle tarification du 1er juin 2024 au 31 mai 2025. Pourtant les chiffres annoncés en janvier 2025 pour l’année 2024 mentionnaient une baisse de 300 000 m3.
Il faudrait, évidemment, également disposer d’informations et d’analyses plus précises. – -Quelle est la répartition mensuelle des consommations d’eau et leurs évolutions ces dernières années ? Quel a été l’impact sur les économies d’eau de la pluviométrie importante de juin et juillet 2024 ? Quelle est la part d’économies réalisée par l’installation des Ecobox et celle liée à l’évolution des comportements au regard de la crise climatique ? Comment se répartissent les économies entre les différents usagers (usagers domestiques, industriels, commerçants, hôpitaux et administrations) ? Toutes ces informations, que EAU SECOURS 31 réclame sans cesse, devraient être fournies en particulier aux élu.e.s et accessibles à la population de la Métropole.
Or, celles-ci sont très importantes pour apprécier ce qui relève réellement, dans les économies réalisées, de la tarification saisonnière.
Cela est d’autant plus important que Toulouse Métropole a décidé de compenser auprès des délégataires privés VEOLIA et SUEZ leur « manque à gagner » suite à une baisse de consommation qui serait la conséquence de cette nouvelle tarification.
Rappelons que, en refusant de mettre en œuvre la mesure au 1° janvier 2024, la Métropole a engrangé une cagnotte de plus de 12 millions d’euros, – car la mesure s’est appliquée à partir de la période estivale de hauts tarifs- sur le dos des usagers et qui ne leur seront jamais reversés, puisque c’est cette cagnotte qui serait alors utilisée pour dédommager les entreprises délégataires.
Comment accepter de dédommager des entreprises privées parce qu’elles voient leur chiffre d’affaires baisser alors qu’elles avaient tablé sur une hausse de la consommation pour proposer un prix bas et obtenir un marché qui, nous le rappelons est théoriquement, à « leurs risques et périls.» ?
Connaître ces informations est également important pour mener une véritable politique de sobriété : quels sont les usages sur lesquels prioritairement il est nécessaire et possible de se fixer des objectifs de diminution des consommations ?
Un mètre cube n’est pas égal à un mètre cube selon l’usage qu’on en fait ; la tarification pourrait permettre d’affirmer la valeur sociale de l’eau.
C’est pourquoi nous défendons la mise en place d’une tarification éco-solidaire de l’eau se basant sur une tarification progressive avec gratuité des premiers m3 et distinguant les usages, domestiques ou professionnels de l’eau. Ainsi les objectifs de sobriété pourraient être mieux ciblés et plus justes socialement. Nous rappelons que la mise en place de la tarification par tranches à Muret a permis une économie de la consommation globale de 14%.
Économiser l’eau est un objectif nécessaire et vertueux, encore faut-il identifier les usages où cela est véritablement vertueux et les outils véritablement efficaces.
Enfin, l’article précité évoque la nécessité du soutien d’étiage de la Garonne, dont le débit « peut tomber à 34 m3/s, bien en dessous du seuil de vigilance ».
Nous saluons ici la magnifique volte-face effectuée par la mairie de Toulouse sur ce sujet dans leur exercice de com. En effet pendant de nombreuses années, interpellée par son opposition, sur les nécessaires économies d’eau à promouvoir, la Mairie par la voix de Pierre Trautmann a, à maintes reprises, expliqué que la consommation toulousaine n’avait pas d’incidence sur le débit de la Garonne. En octobre 2017, par exemple, « la consommation réelle d’eau de Toulouse-Métropole est inférieure à 0,5 m3/s », soit à peine 1% du débit d’étiage de 50 m3/s. Et il ajoutait en novembre 2018 :« Même si on fait des efforts monumentaux, nous n’aurons aucune incidence sur la préservation de la ressource ».
Nous pensons, pour notre part que tous les usages de l’eau doivent être aujourd’hui interrogés ; nous ne pouvons plus faire comme si l’eau coulait toujours de source.
Mais nous savons que les principales économies sont à réaliser en amont, et notamment auprès des pratiques agricoles de l’agro-industrie, en sortant des cultures d’exportation très gourmandes en eau telles que le maïs.
Pourtant nous voyons que les débats font rage à l’Assemblée Nationale, le lobbying de l’agro-industrie maintenant des pressions sans relâche, trouvant des relais auprès de sénateurs et députés en particulier de droite et d’extrême droite pour défendre des pratiques qui se révèlent écocides.
Toulouse, le 14 juin 2025
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